La Laverie

Lisa, François et Pierre ? Le canal de l’Ourcq, le quartier de la Bastille et la Franche-Comté ? Le roman de Sylvie Zaech n’est décousu qu’en apparence. Son centre de gravité est une laverie parisienne, dans laquelle les personnages se croisent et, parfois, se laissent bercer par le linge qui tourne dans le tambour. Leur existence est à l’image de ces pièces de tissu multicolores qui tournent et tressautent dans le bouillonnement de l’eau : elle se déchaîne, elle leur échappe. Prisonniers d’anciennes habitudes, d’anciennes amours, il est temps pour eux de se réinventer. Ce récit est celui de combats aussi âpres qu’intérieurs, de questionnements aussi quotidiens que fondamentaux.

Sylvie Zaech est à l’origine de plusieurs parutions qui sont le reflet de ses voyages. Parmi elles, « La Nuance des yeux de Jean » et « Pays de poussière », nouvelles issues d’un séjour au Caire. La période new-yorkaise de l’autrice n’est pas moins fertile puisqu’elle en tirera 336 East 95th Street, un recueil de poèmes, ainsi que le roman Je pars demain (Infolio, 2019). La Laverie, roman en nouvelle édition (paru à L’Âge d’Homme en 1998, ce texte a été relu et corrigé), illustre lui la période parisienne de l’artiste quand elle séjournait à la Cité internationale des Arts. Dans ces lieux comme dans ces œuvres, Sylvie Zaech se concentre sur le quotidien pour mieux le sublimer : elle observe nos émotions pour mieux tendre à l’universel.